Non au « devoir de mémoire »
Non au devoir de mémoire . Le lecteur va se récrier. Qu’il se rassure : il ne sera pas question ici de la Shoah, ni des Juifs.
Nous avons entendu récemment un Corse dire à un autre Corse, d’un ton pénétré. Et avec un accent bien de chez nous : « il ne faut pas oublier le devoir de mémoire ». Une formule intolérable dans la bouche d’un Corse, et nous voudrions communiquer notre indignation à nos lecteurs. Comment ! On a tué votre père, et vous acceptez qu’un individu quelconque vous dise, en pointant l’index vers vous : Eh ! Toi , n’oublie pas que ton père a été assassiné , et par qui. Qui, ayant un peu d’honneur, supporterait d’être ainsi rappelé à l’ordre ? Et pourtant la formule est passée dans l’usage. Même en Corse. On dira que ce n’est qu’une banalité et qu’il ne faut pas y prêter attention. Ce n’est pas notre avis, elle aurait choqué nos anciens. Elle prouve l’affaissement moral d’un peuple qui fut fier. On parle de colonisation, pour la condamner. Soit. Mais la colonisation économique n’est rien, en comparaison de la colonisation des esprits et des âmes. On a vidé la Corse de son sang pour lui transfuser un sang étranger. Certes, d’autres pays, dont la France, subirent la même aventure . Qu’est devenue cette noblesse française, admirée par Nietzsche, qui surmontait ses vices mêmes par son élégance ? Un condottiere corse l’a subjuguée et elle s’est soumise. Et on parle à juste titre des délices de la servitude. Est-ce une raison pour s’y abandonner ? En conclusion : ceux qui nous parlent gravement du « devoir de mémoire » ont perdu la mémoire.
Et, quand on perd la mémoire, on n’est plus rien.
Civis Romanus .