Corsica Catolica et Les Prisonniers Politiques
La question du regroupement en Corse des prisonniers politiques est posée depuis longtemps. Corsica Catolica ne saurait rester indifférente au sort de nos compatriotes. Nous aussi nous demandons leur transfert en Corse, mais c’est pour des raisons diamétralement opposées à celles des « nationalistes ». Paradoxalement, du moins en apparence, ce sont celles des prisonniers eux-mêmes.
La demande de rapatriement avait été faite depuis longtemps, Les prisonniers avaient exprimé leurs remerciements à leurs amis insulaires. Personne , à notre connaissance, n’a remarqué que le langage des prisonniers n’était pas le même que celui de leurs amis « indépendantistes » .Ceux-ci, pour justifier leur demande, ont invoqué les sacro-saints Droits de l’Homme , et les lois françaises. Hélas, chacun sait que les premiers sont malléables et ployables en tout sens. Et c’est l’Etat qui fixe leur sens. D’autre part, les lois françaises ont peu de chances d’être favorables aux « séparatistes ». Et il est piquant de voir ces derniers exiger l’application des lois d’une République dont ils veulent se séparer.Il est vrai qu’ils ont renvoyé l’indépendance aux calendes corses. Ce qui signifie qu’ils y ont renoncé. Ils ont beau prétendre le contraire , personne n’est dupe. Mais les « nationalistes »ne craignent pas la contradiction. Ils ont toujours réclamé l’indépendance , à condition de rester dans la France. On voit bien qu’un nationalisme de ce genre e s’est jamais vu et ne se verra jamais. « Cette petite île étonnera le monde » avait dit Rousseau. Il avait été bon prophète. Et ,s’il ne les étonne pas , du moins elle le fait rire .
Ceux qui ne rient pas , ce sont les prisonniers, qui ont tenu à exprimer leurs remerciements à leurs virtuels libérateurs. Et qu’ont-ils dit ? « un simu più orfanelli ». Nous ne sommes plus des orphelins . Plus question des droits de l’homme. . Ils invoquent les liens de la race , de la terre et du sang. Ces quelques mots venus du coeur, résument l’erreur , le mensonge et l’imposture du « nationalisme » corse ,étiquette d’un grand cru collé sur une bouteille de piquette , dans l’espoir de duper tout le monde , à commencer par leurs électeurs.Et le truc a marché ! Ils ont obtenu un triomphe électoral, en se disant fils de la Muvra alors qu’ils étaient une succursale de partis de gauche français. Quand les urnes leur ont donné une écrasante majorité. Ils tombèrent le masque et dirent aux naïfs français : « Comment , vous n’avez pas compris que notre agitation n’était que de la farce ? Nous ne voulions pas l’indépendance, nous voulions une augmentation de nos gages. Nous la méritons bien , car mous sommes de bons domestiques ! » Enfin, pour donner le change à leurs électeurs médusés , ils ont opéré un génial transfert d’indépendance . Ils soutiennent fermement l’indépendance des kanaks, Ceux-ci , désormais , n’ont plus de soucis à se faire . Les Corses sont là , avec leur drapeau à tête de noir coupée . Et , ayant baissé culotte, ils chantent le péan de la victoire devant leurs électeurs ébahis. C’est la plus belle farce du siècle. Digne de la « Commedia dell’arte ». Quant aux prisonniers politiques, « patience les amis, les maîtres sont généreux envers ceux qui se soumettent. »
Oui , mais pour les familles des victimes des crimes politiques les choses ne sont pas si simples .il leur est difficile de passer l’éponge, comme le proposent ,magnanimes , les pitres insulaires. « Oublions le passé , faisons mutuelle repentance, et embrassons-nous, » C’est vite dit. Nos « nationalistes » ont oublié que leurs ancêtres avaient la mémoire longue. Ils ne savent plus que ce peuple aristocratique avait la vengeance dans le sang depuis des millénaires. Sénèque le savait. De fait , la vengeance est signe d’aristocratie : si l’on a tué votre père, c’est vous qui êtes offensé , et non la société. C’est donc à vous qu’incombe le devoir d’ôter la vie au coupable. Si nos « indépendantistes » avaient du sang corse dans les veines, ils n’auraient pas si légèrement proposé aux victimes d’effacer le passé et de faire comme si de rien n’était, C’est là peut-être une clef qui permet de comprendre les pantalonnades actuelles. Nos Corses ne sont plus corses !
Les crimes politiques posent de vrais problèmes, qui ne peuvent être résolus par des pitreries. L’expérience historique seule peut nous instruire.Hélas, elle est triste, mais claire : il y a de bons assassinats et de mauvais assassinats , selon qu’ils réussissent ou qu’ils échouent.
Prenons le cas de Gravilo Princip, qui tua François-Ferdinand de Hasbourg , héritier du trône et son épouse.Héros ou terroriste ? Voué aux gémonies en Autriche il fut statufié en Serbie.Ignoble assassin pour les uns , patriote exemplaire pot les autres , qui se sacrifia pour libérer sa nation.
Prenons le cas de l’infortuné Bonnier de La Chapelle, qui assassina l’Amiral Darlan à Alger. C’était un obstacle à la mainmise gaulliste sur l’Algérie . Le coup avait été monté par un singulier ecclésiastique, l’Abbé Cordier , qui lui avait donné l’assurance qu’il pourrait s’enfuir après le crime et l’avait absous de tout péché.Mais tout avait été prévu pour qu’il ne puisse s’ échapper et il fut fusillé le jour après afin qu’il ne puisse pas révéler ses commanditaires. Puni comme criminel il fut réhabilité tout de suite après par ceux-là mêmes qui l’avaient fait fusiller , et son acte fut attribué à une « juvénile fureur ».
Quel jugement porter sur ces deux hommes ? Les victimes n’avaient rien fait de mal . Elles avaient une famille , des amis. L’implacable « raison d’état » avait passé outre à l’humanité. St Thomas lui-même , le docteur angélique, avait , dans certains cas et sous certaines conditions, admis la légitimité du tyrannicide . Les deux assassins avaient-ils rempli ces conditions ? Comment le savoir ? L’histoire humaine est pleine de ces assassinats politiques. Songeons à Harmodios et Aristogiton , statufiés en Grèce , et au sort contraire des assassins de César, Brutus et ses complices . Nous pourrions aligner des dizaines de cas semblables .
Que conclure de tout cela ? Que Satan est toujours le Prince de ce monde , marqué par le péché originel , et que la culpabilité des assassins ne relève pas de nos tribunaux terrestres, mais d’un Tribunal céleste qui ,lui, connaît les reins et les cœurs.
Lucien Antoni