L'enfant Corse
Un événement s’est produit dans l’histoire européenne il y a une quarantaine d’années : la naissance d’un mouvement politique unique en son genre . Il passa inaperçu, comme la plupart des événements qui changèrent le visage du monde : le nationalisme antinational. Il ne pouvait naître qu’en Corse, cette petite île qui a toujours étonné le monde . De fait on n’a jamais vu et on ne verra jamais un tel monstre oxymore. Il fit table rase du passé, et inventa l’avenir. Une figure légendaire de la Corse passa ainsi à la trappe. On ne parla plus de Giocante de Casablanca, qui fut glorifié … par les Anglais. Des milliers d’écoliers britanniques pendant un siècle, apprirent le poème que lui dédia Félicia Hémans, et qui chante la mort héroïque de cet enfant corse de douze ans. Son père, Luce de Casablanca, officier de marine, commandait le vaisseaux « l’Orient » lors de l’expédition d’ Égypte, en 1798. Il avait emmené son fils avec lui, et, pendant la bataille d’Aboukir, où il périt en héros, il avait placé son enfant sur le pont, en lui demandant de ne quitter son poste que sur son ordre. L’enfant tint parole, malgré les flammes qui l’entouraient et qui firent sauter le dépôt de poudre près duquel il se trouvait. Ainsi périt-il, après son père qui avait déjà trouvé la mort dans le combat. Corsica Catolica se plaît à donner une traduction de cet hymne, que nous nommerons «L’enfant corse» en nous souvenant de «L’enfant grec» de Victor Hugo.
Le garçon se tenait sur le pont brûlant
Dont tous, sauf lui, s’étaient sauvés
La flamme qui avait allumé l’épave
Brillait autour de lui par dessus les mâts
Mais beau et brillant il se tenait là
Comme né pour dominer la tempête,
Être au sang héroïque
Silhouette fière bien qu’enfantine
Les flammes ondulaient - il refusait de partir
Sans l’ordre de son père
Ce père évanoui dans la mort
Dont la voix ne serait plus jamais entendue
Il appela très fort « Dis-moi , père, dis-moi
Si j’ai accompli ma tâche »
Il ignorait que le capitaine gisait
Inconscient de son fils.
« Père, dis-moi, cria-t -il encore
Si maintenant je peux partir »
Mais seules répondirent les explosions
Et les flammes rapidement s’approchaient
Il en sentit le souffle sur son front
Et ses cheveux ondulants.
Et son regard, depuis ce mortel
Observatoire solitaire
Brillait encore de courage désespéré
Et il cria , cette fois plus fort encore,
Mon père, dois-je rester? »
Tandis que vers lui , à travers voiles et haubans
Se ruaient les tourbillons de feu.
Ils enveloppèrent le vaisseau
De leur sauvage splendeur.
Ils s’emparèrent du pavillon resté haut
Et flottèrent au dessus de l’intrépide enfant
Comme autant de bannières dans les cieux.
Ici explosa un grondement de tonnerre.
Oh le garçon - où était -il ?
Demandez -le aux vents qui très loin
Jonchèrent la mer de débris
De mâts, bordé et pavois
Qui avaient rempli leur part
Mais la plus noble chose qui périt ici
Fut ce jeune cœur fidèle.