Corsica Cristiana et le dialogue franco-corse
On en parle depuis longtemps. Nous avions déjà dit ce que nous en pensions, à savoir qu’il ne fallait rien en attendre. Mais le quatuor qui mène la Corse à l’abîme répétait que le chemin de la paix était désormais libre , et qu’une « évolution institutionnelle » allait nous conduire au bonheur dans l’indépendance. Darmanin, le Prince Charmant ,laissait dire , Et son silence passait pour approbation. De toute façon les Corses forceraient le Pouvoir à s’incliner devant leur inflexible volonté . Le piège était habilement tendu tendu. Dans le quatuor l’oiseleur avait des connivences , qui faisaient croire aux autres qu’ils participeraient aux bénéfices de cette paix sans combat .Et tous s’engouffrèrent dans le piège . Tout cela nous l’avions prédit .
Mais que faisaient miroiter à la Corse les partis politiques français ? Les propositions du RN , curieusement, ressemblent à celles de la gauche. Sur le « problème corse » tout le monde est d’accord , si ce n’est quelques groupes plus ou moins gauchisants qui voudraient en faire le premier peuple arc-en-ciel, c’est-à-dire un non-peuple. Le gros des députés nous offrent donc une adaptation des lois françaises à la spécificité corse . Mais on a bien soin de tracer des « lignes rouges » infranchissables : on marchande donc : contre quelques pouvoirs locaux , baptisés « autonomie » pour mieux faire avaler la pilule, l’engagement à maintenir la Corse dans la France . La République est une et indivisible comme l’hostie ( bel exemple de la sécularisation du langage religieux) . Il n’y a qu’un peuple ,le peuple français. Les députés corses sont donc des Français, qui demandent à d’autres Français, d’octroyer à la Corse le pouvoir de supprimer certaines disparités pour lui permettre d’être plus parfaitement française . Mais que demander concrètement ? Darmanin , maître joueur , à beau jeu de demander aux demandeurs ce qu’ils demandent , et de les forcer à avouer que c’est à lui qu’ils sont réduits à demander ce qu’il doivent demander ! Et voilà comment on roule dans la farine les Corsicos avec leurs gros sabots . Cocus magnifiques battus et contents . Dannu e risa !
Corsica Cristiana ne saurait jouer un rôle dans cette farce grotesque , qui menace de devenir tragique. Le bateau France , avec ses somnambules à la barre , est en train de faire naufrage . Nous voulons mettre un canot à la mer pour sauver du moins notre peuple . La sécession est la condition de notre survie ,la sécession comme l’entendait Sertorius, dans la tragédie de Corneille qui porte le même nom : « Rome n’est plus dans Rome , elle est toute où je suis ». Quittons le bateau , pour nous sauver et sauver en même temps la France de Péguy , qui fera bon ménage avec la Corse de Circinellu et d’Agostino Giafferri.
Ce qui se trame dans l’ombre aujourd’hui nous donne l’occasion de réaffirmer les points essentiels de notre doctrine .
1) Il ne faut rien attendre des partis français ,et notamment de la prétendue Droite : Marine Le Pen a renié son père, ce qui n’est pas beau , et les autres « Droites molles » ne valent guerre mieux : visqueuses et hypocrites , et lâches par dessus le marché. Elles pourraient s’entendre avec nos Ganelon sur le dos de la Corse . Les partis de Gauche admettraient , pour certains, une Corse plus ou moins autonome , mais à condition qu’elle rentre dans leur domaine arc-en-ciel , ce qui revient à lui demander de se suicider : l’arc-en-ciel est mortel pour tous les peuples .
2) Tous ces partis sont pernicieux, car ils ont leur origine dans l’idéologie des Droits de l’Homme .Refuser toute autorité qui n’émane pas expressément de la Nation . C’est le vieux rêve de Prométhée.
« Je hais tous les Dieux » . Mais c’est tuer toutes les nations historiques , concrètes et vivantes , qui sont toutes fondées sur l’obéissance à une autorité supérieure .En effet l’homme « abstrait » conduit nécessairement à l’utopie du surhomme, si on considère dans l’Homme l’individu , ou à l’utopie de l’humanité sans frontières , si on considère dans l’Homme l’espèce. Nazisme et Marxisme ont la même origine. Frères ennemis , mais frères.
A Corsica Cristiana nous ne pouvons admettre , en conséquence , l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme , sur lequel repose tout l’édifice de nos démocraties modernes , qui n’ont rien à voir avec les démocraties antiques , qui sont des théocraties. Nous sommes donc dans un opposition radicale à la France démocratique, qui prône l’individu-roi , ce qui entraîne la destruction du lien social , qui est consubstantiel à l’humanité . On voit où cela mène avec nos lois dites sociétales , sans doute par antiphrase. Rien de plus cruel que nos démocraties. Et le Pape François ne nous contredira pas , lui qui a qualifié l’état français , sans le nommer mais en le visant , d’état assassin , qui perpètre ses crimes grâce à ses sicaires . Et l’état français n’est pas le seul , mais il a donné l’exemple . La France ´ fille aînée de l’Eglise est devenue la fille aînée de Satan . Pour nous la lutte que nous menons n’est pas la lutte de la nation corse contre la nation française, mais celle du Bien contre le Mal , de la Lumière contre les Ténèbres, de la Vie contre la Mort . Notre combat n’est pas essentiellement politique , mais religieux . C’est la Religion de l’Homme qui se fait Dieu contre celle du Dieu qui s’est fait Homme . Car la démocratie moderne est une religion , Michelet a eu le courage et l’honnêteté de le reconnaître. Et l’Histoire le confirme . Il s’agit donc pour nous du salut de notre âme et de notre sort éternel .
3) Nous ne renions pas pour autant nos pères , qui ont servi la France républicaine, et dont beaucoup ont donné leur vie pour elle . La malignité de la République n’était pas encore manifeste . Ils ont montré partout leur vaillance , leur intelligence, leur endurance . Ce sont les sous-officiers corses qui ont fait l’lEmpire français . Il n’est pas exagéré de le dire . Hélas ! La démocratie française ne valait pas leur sacrifice , et ils sont morts pour une Patrie qui n’était pas la leur .
4) Nous distinguons foi et chrétienté . La première est la réponse à un appel qui s’adresse à une personne. On l’a ou on ne l’a pas , et ceux qui l’ont n’y ont aucun mérite . La seconde est le fruit concret et visible de la première . Elle s’incarne dans les coutumes, les institutions , les lois , les façons de vivre et de penser , qui nous sont donnés à notre naissance . Ce sont des réalités objectives . On peut perdre la foi mais vouloir vivre en chrétienté. Campà a christianinu. Ainsi Michel Onfray , en France .Et tant d’autres . Ceux-là restent nos amis .
5)Notre position à l’égard des nationalistes français ( les vrais , pas les tartufes qui vont à la messe le dimanche et votent Macron ) : Nous les admirons, ce sont les héros des temps modernes ..mais nous ne pouvons pas fusionner avec eux : nous avons en effet des Histoires différentes. Nous sommes avec eux comme des parallèles, par définition elles ne se touchent pas, mais elles visent le même but : la survie de leur patrie et de cette foi chrétienne qui nous est commune . Nous regrettons toutefois qu’ils se soient laissé contaminer trop souvent par l’idéologie révolutionnaire , égarement dont nous autres Corses avons été préservés . Déroulède en est le parfait exemple , que nous ne suivons pas .
6) Ce n’est pas nous qui avons choisi la résistance . Nous y avons été obligés. Ou nous soumettre et laisser notre Patrie disparaître dans les poubelles de l ´Histoire , ce qui fut le cas de bien des peuples , ou bien lutter pour le défendre . Celui qui combat peut perdre , celui qui ne combat pas a déjà perdu . On oublie trop souvent que l’Eglise ici-bas s’appelle l’Eglise militante. Nous disons donc : La Corse est est une nation vaincue par les armes et sous occupation étrangère . Et nous sommes quasiment les seuls à le dire . Occupation étrangère et de plus diabolique . Ne laissons pas se tarir le sang de nos aïeux qui coule dans nos veines et s’évanouir leur mémoire .Arritti ! Ô Vince o more !
7) Nous ne conseillons pas pour autant la révolte armée : elle n’aurait ,vu le rapport des forces actuel ,d’autre résultat que de faire goûter à nos soldats les délices des geôles républicaines, et de servir de monnaie d’échange , comme ce fut le cas pour Ferrandi et Alessandri .
Que faire alors ? Il est étrange que nul n’ait songé à Gandhi . Corsica Cristiana y a pensé .Résistance passive pour le moment . Organisons-nous , enseignons et propageons notre doctrine ,munissons notre jeunesse d’un équipement intellectuel , moral et spirituel , qui donne un sens à la lutte . N’essayons plus de combattre avec les armes de nos ennemis . C’est le plus sûr moyen de perdre . Notre heure viendra , peut-être plus tôt qu’on n’imagine . La France , et l’Europe occidentale , sont trop pourries pour ne pas s’effondrer à la prochaine crise . Si nous savons alors saisir le « kairos » , nous aurons gagné .
8) il est essentiel de revenir à nos sources, de renouer avec notre Histoire. Retrouver Pascal Paoli . Le Babbu . Le père de la Patrie . Ignoblement travesti en « homme des Lumières ».Et cela par des « nationalistes »Corses ! Bel exemple de falsification historique.,d’imposture, assassinat post mortem . Et dire que ce mensonge est devenu vérité officielle et s’est imposé partout ! Un grand journal parisien va , dans sa galerie des « grands hommes qui ont fait la France », jusqu’à le placer entre Napoléon et Robespierre. Et Hollande déclare sans rire que c’ est Corte qui a illuminé Paris . Il suffisait pourtant de lire le magistral ouvrage de notre compatriote Mme Avon-Soletti pour se convaincre du contraire, ou le témoignage de Boswell, ou ses lettres à Maria Cosway pour savoir à quoi s’en tenir sur les idées de Pascal Paoli , qui avait une bien piètre opinion de Rousseau, bien loin d’en être le disciple , ( châteaux en Espagne) .Et ce « voltairien »n’avait apparemment lu aucune ligne de son père spirituel. Ceux qui ont déboulonné sa statue savaient ce qu’ils faisaient : si Pascal Paoli était un grand Français toute révolte contre la France devenait absurde, le nationalisme corse virait à gauche et devenait un gauchisme français . Du beau travail …
9)il faut donc rompre avec ces mensonges suicidaires , et, par delà Pascal paoli , remonter jusqu’à St Thomas et à philosophie d’Aristote qui l’inspire. L’élément constitutif majeur de l’identité de la Corse est le christianisme romain , comme celui de l Russie est le christianisme orthodoxe.Est-ce à dire que nous préconisons un christianisme figé dans la répétition mécanique de ses manifestations passées ? Non . Nous voyons l’histoire de notre christianisme comme le cours d’un fleuve qui baigne et féconde des contrées toujours nouvelles . y faisant croître une végétation toujours changeante . Mais c’est toujours la même eau ,jaillissant de la même source . C’est l’œuvre , pour reprendre l’expression de notre évêque, d’une fidélité créatrice.
10 ) Une telle renaissance est-elle possible aujourd’hui, dans notre monde « postmoderne » soumis à cette violence « monstrueuse », sans voix et sans visage , dont nous parle Heidegger , qui veut , par la technique , transformer non seulement le monde , mais l’homme lui-même ? Dans nos temps de détresse, disait le philosophe allemand, un Dieu seul peut nous sauver . Nous savons , nous , quel est ce Dieu .Et notre jeunesse peut encore entendre l’écho de sa voix .Elle a donné naissance , tout récemment, à des héros, des saints et des martyrs, bien que peut-être ils s’ignorent , dignes émules des « pullastri casinchesi » et de Giocante , le héros d’Aboukir , dont des générations d’élèves ….britanniques ! ont chanté la gloire jusqu’à 1950
Nous mettons notre espoir dans cette jeunesse « i zitelli » , qui, prenant conscience du piège où se sont pris leurs aînés, retrouvent la voix et la voie de leur aïeux.
11 ) En résumé , le dialogue entre la Corse et la France n’est , et ne peut être , qu’illusion et leurre . Là raison en est simple : les deux prétendus adversaires ont la même vision du monde. Leurs « échanges » ne sont pas une ex-plication , c’est-à-dire une lutte où les deux adversaires retrouvent chacun son essence profonde , et se pose en s’opposant. Ainsi , à Verdun, les Français et les Allemands se retrouvèrent Latins et Germains, comme aux temps d’Arminius et de Varus .Aujourd’hui « nationalistes » corses et républicains français sont tous acquis au même libéralisme économique à la Pascal Salin , sur fond d’athéisme. Il ne saurait donc y avoir entre eux de véritable conflit : si la Corse devenait indépendante , nous passerions d’une Macronie à une Micronie . Quel intérêt ?
12 ) Le Quatuor à fait main-basse sur la Corse . Dans ces conditions toute renaissance paraît impossible. Un esprit lucide jugera que le sort de notre Patrie est réglé : la Corse est morte . Mais notre cœur donne le démenti à notre raison . C’est vrai , on n’entend plus dans la bouche de nos mauvais bergers les mots de « tradition ». « transmission » « héritage « honneur » fidélité » - les maître-mots de tout nationalisme .on s’occupe surtout des « vrais problèmes » , et jamais de la vraie tragédie , qui est la mort de notre peuple . Mais , nous le savons , là où croît le danger croît aussi ce qui sauve . E bughiu , ma è u bughiu di l’alba .Et la Corse renaîtra , comme Lazare sortit du tombeau .
En attendant nous méditerons ces vers du poète de la Corse Anton Francescu Filippini :
Ô dolce nome , ô Casta fonte , ô Donna
Di u purissimu amore di a mio mente
A to presenza un m’abbandona mai ´´
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Ô Patria , ô Sposa mistica , in tamanta
Bassura avemu pientu e spasimatu
Chi a salvazione un po ´ mancà . Per seculi,
Fin.ch’ ellu durerà lu sacrifiziu
D’una razza custante d’omi veri
O Corsica , ha da splende u to nome .
CORSICA CRISTIANA