La Corse va-t-elle mourir de ses médecins ?
M.Darmanin , porte-parole de M. le Président, nous a rendu visite. C’est un honneur que nous apprécions . Il était porteur de bonnes nouvelles .Et pourtant…Timeo danaos et dona ferentes .Comment ne pas penser au vers fameux de Virgile ? Ses premiers mots ont été en effet : « Nous vous avons compris ». Allusion au fameux « Je vous ai compris » de qui vous savez . C’était aussi un clin d’œil, un mot de passe à un Ganelon masqué au sein des « nationalistes » . Dès lors les jeux étaient faits , le but et les moyens fixés . Et ,jouissance suprême,les dupes avaient l’air ravis d’être dupés .
Il suffisait de ruser avec les mots . « L’autonomie » était au programme , on irait jusqu’à « plus d’indépendance ».Qui l’eût cru ? Le don dépassait la demande . Ajoutons quelques flagorneries qui flattaient la vanité corse ( comme Pascal Paoli auteur de la première Constitution ! ). On oubliait toutefois - où on feignait d’oublier - que l’autonomie, en dépit de l’étymologie, est polysémique ; quant à « plus d’indépendance » c’était une trouvaille : l’indépendance pouvait se débiter en tranches ! Autant dire qu’une femme est plus ou moins enceinte. De tels propos supposent ou bien que ceux qui les tiennent sont des imbéciles ou bien qu’ils prennent leurs interlocuteurs pour des idiots . La dernière hypothèse paraît s’imposer : les premiers mots de nos deux pèlerins ont été : « nous vous avons compris » . Allusion à un célèbre « je vous ai compris » qui était un clin d’œil, un mot de passe à un Ganelon caché parmi les« indépendantistes ». Les deux compères allaient nous rouler dans la farine . La farce pouvait commencer.
Qu’on nous permette ici d’ouvrir une parenthèse : nous ne prétendons pas sonder les reins et les cœurs ; nous avons même pour nos Ganelons un préjugé favorable : ils sont de notre terre et de notre sang .Il se pourrait que leurs intentions soient pures , mais l’enfer, on le sait , est pavé de bonnes intentions. Nous jugeons d’ après les faits , objectivement.
Nous sommes bien obligé de constater que , dès le début , le mouvement nationaliste a été miné par des contradictions internes insurmontables. Le cœur était corse , la tête était française , Et le poisson pourrit par la tête. Voici quelques exemples : comment des députés « nationalistes » ont-ils pu croire qu’ils allaient faire entendre à Paris la voix de la Corse ? Ne savaient -ils pas que , dans le système actuel , le rôle d’un député est de veiller aux intérêts de la nation française et non de leurs mandants ? Il peut donc être un excellent français, mais alors, en certaines occurrences, il est un traître corse . Il faut choisir : on ne peut faire éternellement la chauve-souris. Le temps n’est plus où un Du Bellay pouvait chanter la douceur angevine et la France « mère des arts des armes et des lois » . Cicéron avait déjà fait la théorie des deux patries , la petite , lieu de la sensibilité, la grande , lieu de la transcendance . Et Virgile après lui , dans ces vers fameux « Romane, memento… » avait magnifié la mission de Rome : assurer la « paix romaine » par la force de ses légions , cette paix qui devait durer des siècles.Ausone pouvait encore écrire quatre siècles après : j’ai mon berceau à Bordeaux et mon siège curule à Rome . Toujours les deux patries. L’idéologie républicaine n’était pas encore née. On aurait pu être alors « citoyen romain , de nationalité corse . Nos députés ne comprennent-ils pas qu’ils ne peuvent pas être « citoyens français , de nationalité corse »?
Et quand cessera -t -on de nous tympaniser avec le mot « démocratie » ? Nos « nationalistes » scient la branche sur laquelle ils sont assis . Nous savons très bien que ce mot , en Europe, signifie « ploutocratie » . Sans quoi, comment expliquer que les représentants de la haute finance soient tous d’ardents démocrates ?Et le commerce est par essence planificateur et ennemi des peuples.Les Corses veulent -ils se suicider ? Et comment peuvent-ils appeler le peuple corse « l’ensemble des Corses »?Non, non et non ! Le peuple corse , c’est l’ensemble des Corses prêts à se sacrifier pour leur patrie . Le peuple corse, c’est vous , chers anciens combattants du temps d’ Aleria . Vous n’étiez pas le dixième de la population, et vous étiez notre peuple. Alors cessez de nous parler de référendum : le nombre ne fait pas plus la patrie qu’il ne fait la vérité. Et ce n’est pas
dans les urnes que se trouve le salut. Les lycéens l’ont compris. Mais nous savons depuis l’Antiquité que la violence l’emporte sur la justice . Il suffit de lire le dialogues des Athéniens et des Mèliens de Thucydide . Triste vérité, mais vérité. Les chemins de la paix conduisent les peuples au cimetière.
Le vrai problème des « nationalistes » corses ( ou plutôt des leurs principaux dirigeants ) c’est qu’ils ont la même vision du monde que Macron . Dès lors il ne saurait y avoir de vrai conflit entre eux et le Pouvoir.
Ce sont tous des libéraux au sens de Pascal Salin. Tous dérivent des Lumières. L’émancipation de l’individu est leur idéal . L’individu-foi . C’est la destruction du lien social et donc du peuple et de la nation . Le maître-mot des temps modernes ou plutôt post-modernes est : ne rien accepter qui n’ait été expressément voulu par chacun .
Il faut donc rejeter tout le passé, que nous avons reçu sans le vouloir. Qui donc a choisi ses parents ? Le « meurtre du père » n’est pas un crime, c’est une nécessité logique. La Jeanne d’ Arc de Montretout en a fait la démonstration, notre Micro-Macron la suit .
Où aboutit cette théorie ? Tous les philosophes, sociologues, anthropologues, sont d’accord sur un point : nous sommes à un tournant radical de l’aventure humaine , non plus une étape nouvelle, mais la création d’une nouvelle espèce, qui sera à la nôtre ce que celle-ci est au singe .À partir de la matière inerte , créer un être nouveau, non plus un surhomme mais un « trans homme » si l’on nous pardonne ce néologisme. Il n’y aura alors plus de peuples et plus de nations . Nos nationalistes se veulent modernissimes . Aveugles conduisant d’autres aveugles à l’abîme. Le plus drôle, c’est qu’ils sont en retard : il y a belle lurette que les fondements de la société issue des Lumières sont critiqués et victorieusement réfutés . Mais il n’importe, ils vont de l’avant !
Une chose est remarquable dans le mouvement « nationaliste » actuel : pour la première fois il se fait non seulement sans l’Eglise , mais contre elle . Il est animé par la haine du Christ . Nous l’avons vu lors de l’affaire du Piss-Christ : Un photographe en mal de publicité, était venu à Ajaccio , cité impériale, cracher sur la tombe de nos ancêtres, en exposant une œuvre blasphématoire. Un peu partout en Europe elle avait suscité des réactions indignées . Mais nos champions de la corsitude ne perdirent pas leur sang-froid ,Ils ne virent rien
, ils regardaient ailleurs .Les masques étaient tombés,
Or nous volons rester des hommes, des Corses et des chrétiens. A ce triple titre nous refusons l’apaisement de nos renégats. Nous distinguons certes la foi , qui est du domaine de la personne, et la chrétienté qui nous est donnée en naissant, et qui est l’imprégnation de la foi dans la société. On peut vouloir vivre en chrétienté sans croire en Dieu , c’est le cas de Michel Onfray ,et de bien d’autres, il y avait en France un parti des catholiques athées. Nous voulons vivre en chrétienté.
Pour cela retour aux sources , c’est à dire à la Corse de Pascal Paoli, ce fervent chrétien que nos « nationalistes » ont impudemment travesti en homme des Lumières, alors qu’il plongeait ses racines dans le Moyen Age, et par lui dans l’antiquité gréco-romaine. Le papier souffre tout , Nous savons qu’il n’avait aucune considération pour Voltaire, Diderot, Condorcet , tous les encyclopédistes, qu’il qualifiait de bâtisseurs de Châteaux en Espagne ( castelli in aria ), et que Rousseau lui-même n’était pour lui que l’instrument d’un coup de publicité. Nous ne pouvons nous étendre sur ce sujet dans le cadre de cet article. Notons seulement la création de l’Université , dont il était à juste titre si fier ´, au service de Dieu et de la Nation. Il cherche le Bien commun de la société ( mais qui parle encore de bien commun de nos jours,) et le Bien commun n’est qu’une préparation au Bien auquel tout le monde aspire , le Souverain Bien qui est Dieu, Pascal Paoli homme des Lumières ? Il est temps que cette imposture finisse. Pascal Paoli pensait comme Dante et Aristote avant lui , et plus tard Péguy en France : « Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles / Car elles sont le corps de la cité de Dieu / Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu / Et les pauvres honneurs des maisons paternelles ».
La Corse est aujourd’hui à la croisée des chemins. Nous n ´avons pas le choix . Nous résigner à disparaître ou lutter . O Vince o more . Mais comment lutter ? Prendre les armes ? Nous déconseillons formellement cette solution . Certes , si la révolte contre Gênes était légitime, la révolte contre la France le serait mille fois davantage : Gênes nous opprimait, la France nous supprime . Mais , dans l’état actuel des choses, elle n’aurait pour résultat que de faire connaître à nos militants les douceurs des geôles républicaines. Et ils serviraient alors d’otages. Alors , quoi ? Tout simplement attendre. Mais en préparant l’avenir. Notamment en formant la jeunesse.La France est trop gangrenée pour survivre, elle s’ effondrera plus vite encore qu’on ne pense . Nous agirons alors selon les moyens offerts par les circonstances.La résistance passive n’est pas la soumission. Nous ne sommes pas comme nos micromacrons qui ont rejeté les fondements mêmes de la lutte et les fameuses déclarations d’autrefois : La Corse est un pays vaincu par les armes et occupé par une puissance étrangère qui nous a exploités, colonisés , et qui est en train de faire de notre pays une colonie de peuplement. Vous nous avez compris ? Nous , nous vous comprenons. Debout, les morts !
Lucien Antoni .