L’impasse

Corsica Catolica ne saurait rester indifférente aux événements qui secouent actuellement la Corse. Cette association a été créée justement pour y réfléchir et proposer des solutions à la lumière de la Foi et de la pensée chrétiennes. Nous regrettons l’ostracisme dont nous sommes l’objet, de la part, notamment, de ceux pour qui nous avons voté, et qui ont conquis le pouvoir local.
Pourquoi cette censure, alors que nous sommes les plus ardents soutiens de leur ambition première, et même, aujourd’hui, les seuls ? La question contient la réponse : c’est que le mouvement, dans ses diverses tendances, a secrètement renoncé à ses objectifs initiaux, et à floué ses électeurs il ne veut donc pas qu’on lui rappelle ses anciennes promesses. 
Nous ne prétendons pas sonder les reins et les cœurs. Il se pourrait que les intentions des renégats soient honorables. Ils auraient pu juger que le combat était perdu d’avance, et que, la politique étant l’art du possible, il était sage de se contenter des aumônes de l’état.Mais, à juger les choses objectivement, c’est un fait que les soi-disant indépendantistes ont floué leurs électeurs. Le prix de cette ruse fut payé par des lycéens, des enfants, qui avaient pris au sérieux les promesses et auxquels on n’a pas honte de donner aujourd’hui des leçons de bonne conduite.
Pour se dédouaner un député a déclaré : «  Le gouvernement doit écouter les élus de l’île ». Mais quand donc comprendront -ils qu’un député de la République française, par définition, doit faire entendre aux Corses la voix de la France, et non à la France la voix de la Corse ? La voix des urnes ne peut conduire qu’à la capitulation. Les écoliers l’avaient compris. Ils avaient crié «  Statu francese assassinu ». Le Préfet avait répondu : « l’Etat n'est pas un assassin ». Le Pape, lui, avait depuis longtemps donné raison aux écoliers, affirmant qu’il l’était même infiniment plus que ne pensaient les enfants, pour les raisons que nous savons.
Tout le problème est là : il ne peut y avoir de conflit réel entre nos nationalistes et la République française, ils ont en effet la même vision du monde. Même si cette indépendance qu’ils ne réclament plus leur était accordée ils feraient de la Corse une petite France. Alors, à quoi bon la demander ?
L’émancipation de l’individu entraîne la ruine de la Nation. Les regrettés Fernandu Ettori et Indria Fazi l’avaient bien vu Français et Corses étaient tous pour la liberté, mais pour les uns c’était la liberté de l’individu, pour les autres la liberté de la Nation. L’individu -foi : c’était l’idéal des Lumières françaises. C’est aussi celui de nos nationalistes qui veulent toujours être en pointe, même quand ils ont 50 ans de retard sur l’actualité française. S’ils avaient le pouvoir ils s’empresseraient de légitimer l’inceste. On n’arrête pas le progrès ! 
Nous savons que le grand mythe de notre siècle est la construction d’un être nouveau : les hommes, à partir de la matière inerte, créer une nouvelle espèce qui sera à l’homme actuel ce que ce dernier est au singe. Quand ils auront connaissance du projet nos nationalistes applaudiront, mais, s’il se réalise, il n’y aura plus ni peuples ni nations ! 
Quant à nous, nous voulons rester des hommes, des Corses et des chrétiens. Voilà pourquoi nous réclamons l’indépendance. Elle seule peut nous permettre de survivre. Nous n’avons pas le choix. Demain la Chrétienté ! Et pour nous c’est de renouer avec notre Histoire, de revenir à Pascal Paoli, si impudemment travesti en homme des Lumières, alors qu’il a ses racines dans le Moyen Age et l’antiquité gréco-romaine. 
Le maître-mot de l’ âge dit « postmoderne » est : ne rien accepter qui n’ait été expressément voulu par chacun. Il implique le « meurtre du Père ». Nos « indépendantistes » sont modernissimes. Leur dessein et leur destin est de donner le coup de grâce à la Corse. 
Nous voulons , nous, que notre patrie revive. Et nous avons pour étoile, dans le Ciel, celui qui fut notre maître sur la terre : l’Abbé Mondoloni, le soldat de Dieu, qui savait que la branche verticale de La Croix était faite pour se ficher en terre, une terre qu’il fallait protéger et défendre. 
« Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles 
Car elles sont le corps et le commencement
Et le premier essai de la cité de Dieu
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles … »

La réaction de nos enfants a quelque chose de miraculeux. De quelles mystérieuses profondeurs ont pu monter ces voix qui étaient celles de leurs aïeux ? Ils ont montré que la Corse n’était pas morte. Il y a en eux de la graine de héros et de saints. Ils ont aussi fait tomber quelque masques. Ces fils de Giocante de Casablanca ont été dignes de lui. C’est à eux, et à quelques autres, bien oubliés par les gardiens de la « mimoria » que Corsica Catolica dédie cet article  aux enfants qui ont déjà reçu un signe fort dû gouvernement.

Corsica Catolica.