Les Séparatistes
Les deux termes sont de fréquentation dangereuse. Ils peuvent coûter cher. La liberté d’expression, comme tout ce qui a de la valeur, se paie, et c’est normal. Corsica Catolica n’est pas en mesure de s’offrir ce luxe. Nous nous garderons bien de porter un jugement moral sur ces notions : ce n'est pas à nous de juger du bien ou du mal.Nous nous bornerons donc à examiner le sens de ces deux mots. Qui n’est pas aussi clair qu’il paraît, et à en tirer quelques conséquences logiques.
Le premier est une sorte de pierre de remploi en usage dans les années 50, tombé en désuétude, et qui soudain reparaît. Il était une marque d’infamie, inventée par De Gaulle pour flétrir ces communistes qu’il avait pourtant encensés. C’est du moins ce l’on dit. L’expérience montre que le mot, même un peu suranné, produit toujours son effet, on peut se demander pourquoi : à notre avis c’est qu’il a une connotation religieuse qui transcende les circonstances historiques qui l’ont fait naître. Mais d’où lui vient cette odeur sulfureuse ? Il a pourtant l’air innocent. N’est -il pas naturel que l’on veuille se séparer d’un ensemble mauvais comme on coupe un membre gangrené? pour la Corse De Gaulle avait déjà tranché : la Corse est le lieu d’où l’on voit le mieux la France avait-il déclaré à Bastia. Donc pour lui la Corse était pas la France et ne pouvait être séparatiste puisqu’elle était déjà séparée. « Voyons, ces gens -là ... ». Tout juste bons à fournir de la chair à canon ... On connaît la chanson. Certes ce grand homme avait des raisons personnelles d’en juger ainsi , et on le comprend : l’île avait produit quelqu’un qui lui faisait de l’ombre et Moncornet ne pouvait faire oublier Austerlitz. Il fallait donc bouter la Corse hors de France. Ce qu’il fit grâce à une de ces formules dont sa langue bifide avait le secret. Pourtant De Gaulle ne suffit pas à expliquer le caractère sulfureux du mot "séparatisme". Il faut creuser plus profond : séparer, c'est mettre à part, fractionner, rompre l’unité. Et pourquoi l’entreprise est-elle infernale? c’est que le mot est du vocabulaire de la Révolution dont les grands-prêtres avaient presque tous suivi l'enseignement des bons Pères jésuites; ceux-ci leur avaient appris que l’hostie était une et indivisible, comme le corps du Christ, lequel évidemment ne peut être démembré par la communion. Toute division est donc sacrilège. Transposons le mot dans l’ordre politique : Le domaine change, le sacrilège demeure.Y a-il plus belle illustration de ce qui arrive dans la "sécularisation" du vocabulaire religieux ?
Et voilà pourquoi les "indépendantistes" sont moins coupables que les séparatistes . Ceux-ci sont tolérés, au nom de la liberté d’expression dont on sait combien elle est chère au pays des droits de l’homme. Ils peuvent former un parti, qui s’intègre aux autres pour former une unique représentation nationale. Il suffit qu’ils entrent dans le système et qu’ils jouent loyalement le jeu républicain. Pourvu qu’ils ne cassent rien et qu’ils renvoient leurs "fondamentaux" aux calendes corses -ce qu’ils font sans le dire mais tout le monde a compris. En somme on peut être indépendantiste tout en étant dépendant, comme le prouvent nos élus . Ils sont fiers de leur performance, au point de rappeler, en bombant le torse et en roulant des mécaniques cette pensée de Tchibaou " il est peut-être dur de mourir, mais il est plus dur encore de rester vivant en voyant mourir son pays" C’est en effet à mourir... de rire .
Cyrus Salomon.