Corsica Catolica et les prisonniers Corses
Corsica Catolica ne saurait se désintéresser du sort d’Alessandri et de Ferrandi, actuellement détenus en France. Ce sont nos compatriotes, ils sont de notre sang, et nous avons pitié d’eux, comme nous avons pitié de leur victime, qui n’était pas seulement le représentant de l’Etat, mais un homme, avec une famille et des amis. Mais nous condamnons ceux qui veulent instrumentaliser ces malheureux à des fins politiques.
La LDH joue cartes sur table : « Non à la prison à vie ». Les détenus ne sont pas des fins, mais des moyens. Le procédé n’est pas à l’honneur de ceux qui en font usage, mais nous sommes habitués à « l’humanisme » de la LDH, qui, s’il n’est pas à géométrie variable, est à coup sûr à sens unique.
Et nos « nationalistes », en cette pénible affaire ? Leurs réactions sont plus propres à susciter notre commisération qu’à aiguiser notre ironie, car, eux aussi, ils sont de notre sang, et nous ne voulons pas les accabler. Mais leurs bafouilles nous navrent. Hier leurs députés se flattaient de « faire entendre la voix de la Corse à Paris ». Ils ignoraient donc que les députés ont pour mission non de s’occuper des intérêts particuliers de leurs mandants, mais des intérêts généraux de la France ! c’est à dire pour faire entendre la voix de la France à la Corse, et non l’inverse. Ce qui leur fut rappelé non sans quelque mépris. Aujourd’hui la collectivité territoriale outrepasse ses attributions en lançant un appel en faveur de l’Arménie. Rien de plus louable ; mais Paris leur répond « ne, sutor, ultra crepidam ! » Cordonnier, pas au-dessus des chaussures ! » Les pouvoirs de cette Assemblée régionale, lui ont été octroyés par Paris, et s’exercent sous l’œil vigilant du Préfet. Rien à voir avec les anciens Parlements qui étaient un véritable contre-pouvoir, avec lesquels les Rois devaient compter. Il n’en est pas de même avec la CTC, confinée – c’est bien le cas de le dire- dans ses attributions subalternes : ramassage scolaire, desserte maritime, traitement des déchets, etc… Pour peu qu’elle les dépasse, « à la niche, les toutous ! », ordonne le pouvoir central. Ils grognent un peu, mais ils y vont.
L’affaire des détenus, comme celle de l’Appel en faveur de l’Arménie, illustre bien cette situation. Hier, minoritaires, les nationalistes corses représentaient la Corse réelle, belle lorsqu’elle se rebelle. Aujourd’hui, majoritaires, ils sont devenus impuissants, simples rouages de la machine républicaine française. Macron est le vainqueur. Il a compris que, pour les désarmer, il suffisait de leur assurer quelques satisfactions électorales. Les voici, en effet, assagis, domestiqués, mis au pas. Et il fera tout pour les maintenir en place ; il leur permettra quelques rodomontades, grâce auxquelles ils éviteront la déconfiture aux prochaines élections territoriales. Macron est le Roi, et il a ses valets. Pour peu que ceux-ci veuillent lui faire obstacle, il saura leur montrer que, quand on vient de chez Rotschild, on ne s’abaisse pas à finasser avec des bergers corses, fussent-ils niolins.
En vérité, il ne saurait y avoir de conflit réel entre la CTC et le pouvoir central. Les faux adversaires sont de vrais partenaires, mais non des égaux, comme nous venons de le dire.
Comment en est-on venu là ? La réponse est évidente : les élus corses ont la même philosophie que les Républicains français ; comme eux, et à leur école, ils se sont éclairés aux Lumières du 18eme siècle. Ils sont pour l’émancipation de l’individu, pour les funestes « Droits de l’Homme » et les totalitarismes qu’ils ont engendrés. Dans ces conditions le « bras de fer » entre Paris et Ajaccio n’est qu’une farce. L’individu triomphe, la patrie meurt, et tout le monde est content.
Nous dédions à nos « représentants » cette pensée de Tchibaou, sortie de son contexte historique, car elle vaut pour tous les temps et tous les lieux : « il est peut-être dur de mourir, mais il est plus dur encore de rester vivant en voyant mourir son pays ». Qu’en pensent nos joyeux drilles ?
Lucien Antoni