Lettre ouverte à un illustre communiste de Sartè
Cher camarade, compatriote et ami,
Tu critiques, dans le Corse-Matin du 16 juin, la position de « Corsica Catolica » qui, selon toi, aurait empêché une union porteuse d’espoir. Tu emploies une formule dont nous goûtons la spirituelle ironie, (ce qui prouve que l’esprit ne t’a pas déserté). « Quand la politique se spiritualise, la foi se politise ». Sans le vouloir, tu tapes dans le mille. L’union de la matière et de l’esprit, qui te paraît aberrante, c’est justement ce que nous voulons. Et nous ne sommes pas les seuls. N’est-ce pas Malraux, pourtant proche de toi, qui a écrit : « Les grandes civilisations sont celles qui croient aux Anges » ? Il n’a fait là que suivre les leçons de l’Histoire. Et c’est ce qui explique et justifie la lutte de « Corsica Catolica » pour la reconquête de notre indépendance. Nous sommes les seuls, en Corse, à mener ce combat, et nous en sommes fiers (d’autres s’en vantent, mais ils mentent, ou alors ils s’aveuglent.) En effet, tous les partis politiques, y compris le tien, s’éclairent aux mêmes « Lumières » ténébreuses, et leurs apparentes divergences ne font que cacher leur profonde parenté.
Pour notre part, nous rejetons tous les partis, justement parce qu’ils ont séparé politique et religion. « Si la chair ne devient pas esprit, c’est l’esprit qui deviendra chair ». Il suffit d’ouvrir les yeux sur notre monde pour le voir. Séparée de l’esprit, la chair ne peut que choir, et elle exhale des odeurs pestilentielles. As-tu perdu l’odorat ?
Mais comment peux-tu accepter cette séparation, toi qui, en bon Sartenais, as été sans doute « spiritualisé » à ta naissance par ton baptême ? Et je ne sache pas que tu aies jamais demandé à être débaptisé. Ces onctions d’huile sur ton front, sur ta poitrine, entre tes épaules, ont fait de toi un être sacré, réservé, et promis aux noces éternelles – si tu le veux.
Et pourquoi ne le voudrais-tu pas ? Nous ne pouvions aller à toi, quand tu partageais les erreurs funestes du monde ; mais, purifié, revivifié, tu peux venir à nous.
Nous sommes, Chrétiens, le sel de la terre (par grâce et sans mérite). Viens à nous ; nous te salerons, et, devenu comestible, tu pourras offrir ton corps en nourriture à ce bon peuple sartenais, que tu aimes, et qui est avide de Vérité, de Justice, et d’Amour.
Viens ! Il est encore temps, mais le temps presse. Viens ! Courbe la tête, fier Gaulois ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. Ne rate pas cette occasion de devenir ce que tu es, et tu verras que, lorsque la politique se spiritualise, et que la Foi se politise, la communion… peut faire gagner les élections !
Antoine Luciani, au nom de « Corsica Catolica »