Tuez-le ! Il est sans défense !
A-t-on assez parlé d’ « acharnement thérapeutique ! » Contre lui, heureusement, lutte l’acharnement euthanasique. Vincent Lambert croyait avoir échappé à la secourable Faucheuse. Il s’obstinait, soutenu par des parents bornés et impitoyables. Impitoyables comme l’Arrêt de la Cour d’Appel de Paris qui avait ordonné la reprise des soins. Et pour quelles raisons ? Il ne souffrait pas, il était conscient – comme en témoignaient les larmes qu’il avait versées lorsqu’il avait appris la sentence de mort. Ce n’était nullement « un légume », comme disait l’accusation -. Toutes raisons qui auraient dû lui valoir la douceur de l’euthanasie. La Philosophie, par la voix du Penseur de la Corse, condamnait l’obscurantisme qui voulait à tout prix maintenir en vie ce qui n’était pas encore mort. Certes, la Mort n’était pas imminente, mais le malade tardait à mourir. On se demande bien pourquoi : la mort n’est-elle pas la guérison définitive ? Pourquoi la différer ? A Paris le Docteur Tunet, entouré de ses Morticoles, écumait de rage. L’intelligentsia nationale et internationale se scandalisait. On n’arrivait pas à faire « la brèche », à faire sauter le verrou qui ouvrirait la porte aux innombrables candidats à la bienheureuse « bonne mort ». C’était Tunet, et non plus Saint Joseph, le patron de la bonne mort.
Bref, jamais autant de divine colère ne s’était accumulée sur la tête de ce têtu. Jupiter ne l’avait pas foudroyé, pour cause d’élection ; et puis c’était un cœur sensible, un tendre. Un Romeo qui n’aurait jamais pu faire à sa Juliette l’injection létale. Il chargea donc son gouvernement de se substituer à lui ; ce que ces hommes à poigne (et à pogne) s’empressèrent de faire. Les moyens ? La Cour de Cassation ; c’était la bien nommée : casser était son métier. Sur elle repose désormais le suprême espoir. Il ne sera sans doute pas déçu. L’Humanité progresse : déjà, depuis les années 1980, Attila avait décrété que les individus devenus des charges pour la société devaient être supprimés, pour soulager les bien-portants. Qui osera s’opposer à Attila ?
Nous ! « Corsica Catolica », les Rétrogrades, les Ringards, les Nostalgiques, les Superstitieux, les Ignares – en un mot les Obscurantistes, avec l’appui bien sûr de nos Evêques, qui nous ont faits ce que nous sommes et prendront la tête de la Croisade du Nouveau Moyen-Age.