Comment les incroyants manipulent les Chrétiens
Le Philosophe de Corse-Matin vient d’écrire un article véritablement philosophique ; car, si le principe de la philosophie est l’étonnement, il a tapé dans le mille : il nous étonne. D’abord, par l’acuité de sa vue ; lors de la campagne pour les européennes, il a discerné, sous le masque des défenseurs des racines chrétiennes de la France et de l’Europe, le visage sinistre des néo-païens ! Il fallait pour cela avoir des yeux de lynx ! Les néo-païens, d’ordinaire, ne mettent pas de masque, et les « vieux gaulois à tête ronde » revendiquent haut et clair leur identité. Par exemple, de nos jours Soral. La preuve, c’est qu’ils sont en prison – ou ruinés par les amendes. Et le christianisme, pour eux, est une « épigénèse » : les dieux païens existaient bien avant le Christ, et il faut les ressusciter. Le philosophe de Corse-Matin fait mieux que la chouette d’Athéna, qui voyait, la nuit, ce qui échappe aux regards du vulgaire : il voit, de jour, ce qui n’existe pas !
Paul, l’apôtre, est appelé « citoyen romain, de culture grecque ». Et, certes, il l’est : on parlait grec à Tarses, comme on parle français en Corse ; mais notre philosophe oublie de dire qu’il était surtout de culture juive, étant d’une de ces familles qui, implantées en terre hellénique, n’en observait pas moins strictement les coutumes et croyances de Jérusalem ; la preuve, c’est que ses parents l’envoyèrent tout jeune à Jérusalem s’instruire auprès du Docteur le plus célèbre d’alors, Gamaliel. Et le résultat de cet enseignement fut de faire de l’élève à l’esprit ardent, ce que l’on appellerait un « fanatique », qui rêvait de massacrer tous les chrétiens. N’était-il pas présent à la lapidation d’Etienne ? Et ses raisonnements, même lorsque les « écailles » lui furent tombées des yeux, sont toujours rabbiniques – à la différence de Luc. Et, certes, pour Paul, « il n’y a ni juif ni grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ ». Mais cette unité se fait « par le haut » - tout comme, au théâtre par exemple, il y a des spectateurs de toutes catégories sociales, unies par la beauté de la pièce. Après quoi, chacun retrouve son identité, et les pauvres n’en deviennent pas riches, les noirs n’en deviennent pas blancs, les blancs n’en deviennent pas noirs. Et Paul, accusé, déclare « civis romanus sum ». L’ « universalisme » chrétien est un beau prétexte pour ouvrir à tous les portes de l’Europe – chrétiens ou non. Et, bien sûr, l’identité hébraïque que revendique Paul, ne s’oppose pas à l’universalisme, mais c’est parce que le judaïsme éclot dans le christianisme, et disparaît du même coup : Paul procède à une « greffe » qui transubstantie le porte-greffe.
Paul n’en devient pas « antisémite », nous dit le philosophe. Certes, mais les « sémites » non greffés en deviennent anti-chrétiens. Est-il nécessaire de rappeler les manifestations de cette haine ? Le Christ crucifié suffit. Notre philosophe, assez sophiste, joue aussi sur le sens des mots : les sémites, dit-il, « c’est-à dire les juifs et les arabes ». C’est mettre dans le même sac des entités qui ne paraissent pas faire bon ménage. Et l’arabo-philie engendre presque toujours la judéo-phobie. Que d’écrivains et hommes d’Etat ont sombré dans cette dernière par admiration pour la virilité arabe ! Benoist-Méchin, par exemple. Que le Philosophe n’unisse pas ce que l’Histoire a séparé !
Et qu’il lise aussi l’Evangile d’un peu plus près ! Il apprendra ce qu’est, pour Jésus, un « pauvre ». Non pas celui qui, armé des Droits de l’Homme, enfonce votre porte en disant : « Je suis chez moi chez vous, et j’en ai le droit », c’est le mendiant qui tend la main sans rien prétendre, c’est le suppliant antique, c’est « le Pauvre » de Victor Hugo, poésie admirable que notre Philosophe est trop cultivé pour ne pas connaître. Et le Bon Samaritain n’est pas celui qui fait nourrir le malheureux aux frais de l’Etat, en faisant de la charité une obligation sanctionnée par des lois ; c’est celui qui se penche sur le pauvre, au besoin en débordant les lois, le soigne en ouvrant sa bourse, et, une fois guéri, le renvoie là où il est mieux que partout ailleurs, c’est à dire chez lui.
Le Philosophe honnit « la croisade contre les immigrés ». La croisade n’a pas bonne presse, de nos jours, chez les « humanistes ». Mais nous préconisons, nous, une vraie croisade, qui consiste non à convertir les « infidèles » par les armes, mais à imposer aux Barbares les conditions de la paix : le respect du Droit. Les Etats dits, mensongèrement, « chrétiens », sont bien intervenus en Europe et ailleurs, lorsque leurs intérêts étaient en jeu. S’ils « étaient » chrétiens, ils feraient aujourd’hui triompher la Justice. Mais ils préfèrent recruter des « migrants » qui leur procurent de la main d’œuvre bon marché !
Hypocrites ! Ces bons apôtres suintent d’hypocrisie et de mauvaise foi. C’est comme quand ils louent le Christ pour sa compassion envers les pécheurs ; en affirmant qu’il ne se soucie pas de morale. « Pécheurs, continuez, car je vous aime ». Evidemment la morale les gêne. Mais, malheureusement pour eux, le Christ n’est pas un grand-père gâteau. Il est au contraire fort exigeant. Que penser du fouet dont il fustige les vendeurs du Temple ? Des caresses ?Et ces imprécations ? Malheur à toi, qui tue les Prophètes. Race de vipères ! De la pommade ? Inutile de multiplier les exemples. Lisons les Evangiles, nous serons édifiés.
Tout au long de cet article, nous nous sommes radicalement opposé au Philosophe. Et pourtant, nous finirons comme lui : « En fait, il y a un usage de la référence aux racines chrétiennes qui pourrait bien être un blasphème pour un authentique chrétien, car il oublie et occulte la Proclamation des Evangiles ». Nous ne disons pas autre chose, sauf que c’est lui, le Philosophe, qui pourrait bien blasphémer, en réduisant le christianisme à son « humanisme » moderne –celui qui inspire le docteur Tunet, Attila et leurs semblables, qui trouvent « impitoyable » , selon l’expression même de notre Philosophe, la décision de la Cour d’Appel de Paris de continuer à soigner Vincent Lambert, qui tarde à mourir.
Non ! Le christianisme n’est pas un « humanisme » au sens où l’entendent les charitables tueurs.