CORSICA CATOLICA ET LA MANIFESTATION DU 13 AVRIL
Corsica Catolica ne saurait rester indifférente à l’appel à manifester samedi prochain. Elle se doit de donner son opinion sur un événement qui touche tout le peuple corse.
Nous demandons d’abord à nos amis et sympathisants de prier d’un cœur sincère pour le repos de l’âme du malheureux Préfet Erignac, et nous nous inclinons devant la douleur d’une famille si profondément meurtrie – à la différence de beaucoup de ceux qui clament aujourd’hui leur vertueuse indignation : les larmes des crocodiles sont toujours répugnantes, comme est répugnante l’exploitation des drames humains à des fins politiciennes.
Mais il nous faut aussi rappeler certains faits, indiscutables, qui donnent matière à réflexion :
- l’assassin de Jaurès, Raoul Villain, fut acquitté, pour cause d’union nationale et de paix civile.
- Les commanditaires de l’assassinat de l’Amiral Darlan furent recherchés par la police de manière à ne pas être trouvés ; quant au meurtrier, le jeune et infortuné Fernand Bonnier de la Chapelle, il fut fusillé sur le champ, ce qui eut pour effet de lui fermer la bouche.
- Monsieur Thiers –ce bon Monsieur Thiers - écrasa sous les bombes, et sans état d’âme, et allègrement, les communards, alors que le général Athanase de Charrette – le descendant du fameux chef vendéen – lui qui aurait eu quelques raisons de venger sa patrie génocide, lorsqu’il reçut l’ordre de faire feu, refusa d’obéir en disant : « je ne tire pas sur mes compatriotes ». M. Thiers, lui, n’hésita pas à faire ce pourquoi nos vertueux politiciens veulent pendre Bachar el Assad : tirer sur son peuple. Et l’Histoire officielle encense le petit marseillais ; la République a même donné son nom à des Lycées et à des rues !
- Nous laissons pour la bonne bouche le discours célèbre de Clémenceau, qui n’avait même pas l’excuse d’être prononcé dans la fureur de la guerre civile. « Le tigre », métamorphosé ce jour là en hyène, déclara devant l’Assemblée : « J’approuve tout de la Révolution : j’approuve les Massacres de Septembre où, pour s’éclairer, la nuit venue, les travailleurs plantaient des chandelles dans les yeux des morts. J’approuve les noyades de Nantes, les mariages républicains où les vierges accouplées à des hommes, par une imagination néronienne, avant même d’être jetées dans la Loire, avaient à la fois l’angoisse de la mort et la souffrance de la pudeur outragée. J’approuve les horreurs de Lyon, où l’on attachait des enfants à la gueule des canons, et les égorgements de vieillards de quatre-vingt-dix ans et de jeunes filles à peine nubiles. Tout cela forme un bloc glorieux et je défends qu’on y touche. Je défends que, sur un théâtre qui dépend de l’Etat, un dramaturge illustre vienne, après plus de cent ans révolus, prononcer une parole de pitié qui serait un outrage aux mânes augustes de Robespierre et de Marat ». Et dire que deux de ces bourreaux ont eu leurs noms inscrits sur l’Arc de Triomphe !
Mais pourquoi multiplier les exemples ? Ces turpitudes sont vieilles comme le monde, et tristes comme la politique : il y a de bons crimes et de mauvais crimes, selon le succès de ceux qui les commettent : Brutus, l’assassin de Jules César, fut voué aux gémonies, tandis que Harmodios et Aristogiton, les assassins d’Hipparque, furent portés au pinacle, et glorifiés comme des héros.
Corsica Catolica n’a pas pour habitude de dicter à ses amis leur conduite : ils sont libres de leur conduite, mais ces quelques réflexions leur sont offertes pour éclairer leur choix, dont nous espérons qu’il sera digne de notre Histoire, et de notre Patrie.
Antoine Luciani