Corsica Catolica

Pourtant: Usu Corsu

18 Janvier 2019, 20:08pm

Publié par Ziu Miriu

POURTANT : Un mot et une expression difficilement traduisibles en corse.
Pourtant. On connaît la phrase célèbre « e pur si muove ! » (La terre autour du soleil). Il parait facile de la traduire en corse : « e purtantu si move ! » Pourtant –c’est bien le cas de le dire- ce « purtantu » n’est pas corse : c’est un gallicisme qui s’est frauduleusement introduit dans notre langue. Dira-t-on alors, comme en italien : « e puru si move » ! Pas davantage ! On dit en corse, quand on veut maintenir une affirmation contre une opinion contraire : « e tantu po’ ». Ici : « e tantu po’ si move ».
Lorsque « pourtant » signifie seulement « malgré cela », par ex : « il était malade, et pourtant il est venu », on dira en corse : « e quantunque » : « era malatu e quantunque è venutu ». ou : « ciò malgradu » ; ou encore on usera de la curieuse expression : « malatu e lestu ».
Lorsque « pourtant » signifie une restriction , un manque, par ex : « il est comblé de biens, pourtant il n’a pas la santé », on tournera par : « peccatu chì » : « è riccu immensu, peccatu ch’ellu sia malaticciosu ».
Pourtant exclamatif : « tu es pourtant riche » ! en corse : « ‘n de si po’ riccu ! » ou  « si po’riccu ! »
Puru ne se trouve pas dans le sens de l’italien « e pur si muove » -mais on le trouve dans diverses locutions :
« puru puru » ! = enfin ! « puru puru si ghiuntu ! » « enfin tu es venu » ! » « è puru ghiuntu ! » « il est enfin venu !
fà puru u bellu, si cattivu » : « tu as beau faire le gentil, tu es méchant. (comme :  «  hai asgiu a fà u bellu… »)
« siasi puru cusì » = « quand bien même il serait ainsi » ; « puru sì » = « même si ».
« Ci lascierà a ruffia, pur ch’ellu passi u puntu ! » = « il y laissera la peau, pourvu qu’il satisfasse son point d’honneur » !

Tout en marchant… on dit souvent : « tuttu marchiendu » : c’est un gallicisme ! en corse en redouble le participe : « marchiendu marchiendu »… ou alors : « « mentre che » : « mentre ch’ellu manghiava, legghia u so libru »= « tout en marchant, il lisait son livre ». A noter une curieuse tournure, qui marque le développement progressif de l’action exprimée par le participe : « e manghia chi mi ti manghia, si pigliò una bella trastugia di stomacu » : mot à mot : « mange que je te mange, il attrapa un bel embarras gastrique »= « et, à force de manger et de manger, » etc…

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