Héros de la République ou martyr chrétien ?
Il était juste de rendre à Arnaud Beltram un hommage solennel. Son sacrifice a ému la France, et a franchi ses frontières.
A Corsica Catolica, nous sommes particulièrement touchés, car Arnaud Beltram était de notre race, du sang corse coulait dans ses veines. « L’acqua corre, u sangue leia ».
Nous comprenons que le Chef de l’Etat ait voulu, à cette occasion, rassembler un pays déchiré sous la houlette d’un Bon Pasteur, c’est à dire de lui-même.
Mais Arnaud Beltram a-t-il donné sa vie par fidélité aux « valeurs républicaines », comme il a été dit et répété ? Est-il un symbole de l’ « esprit de Résistance » ou plutôt de l’esprit de la Résistance » ? C’est ce dont nous doutons fort.
Le Chef de l’Etat a composé une étrange salade, où voisinent, pêle-mêle, les héros les plus divers, voire les plus opposés : Jean Moulin aux côtés de Jeanne d’Arc, le général De Gaulle avec les soldats de Verdun, qui n’eurent pas besoin de général, les maquisards en compagnie des Justes. Bref, tous ces gens qui, en temps ordinaire, se haïssaient, et qui, en temps de crise, se découvrirent frères et firent « l’union sacrée ». Une France à la fois nationaliste et internationale : la République française, incarnée en sa personne.
Cela est si vrai que le premier grand résistant de l’Histoire de France, le jeune et noble Arverne, Vercingétorix, est exclu de la galerie des grands hommes macroniens. Il avait pourtant le droit d’y figurer, lui qui tint tête aux fascistes romains, conduits par le prototype de Mussolini et d’Hitler, l’immonde Jules César, qui le fit étrangler, après l’avoir maintenu six ans dans son infecte ergastule, pour rehausser l’éclat de son triomphe. Mais la Gaule n’était pas encore la France, qui naquit le jour du baptême de Clovis. Donc, Vercingétorix, dehors ! Notre Macron se grime en Barrès, Péguy, Maurras, - lui qui prônait le libéralisme effréné, l’effacement des frontières, le mondialisme… dans l’hédonisme de ses lois « sociétales ».
Il est vrai qu’il n’en est pas à une contradiction près : Que penser, dans sa France post-gauloise, du ménage forcé qu’il impose à Jeanne d’Arc et Jean Moulin ? La première, versée d’office et d’avance, dans la République « laïque » - c’est à dire athée - où elle rejoint le second, dont on ne sait trop si la statue –bien méritée d’ailleurs - devrait être à Paris ou à Moscou, mais qui, en tous cas, adorait l’Homme, et non « Messire Dieu ». Le timbre poste, cher à Malraux, à l’effigie de Marianne-Jeanne, suffirait-il à les unir ? L’eau n’a jamais fait bon ménage avec le feu.
Pour nous, nous rejetons toute cette rhétorique creuse et menteuse, qui avait déjà fait l’objet delà terrible ironie de Platon, et qui consiste à mettre le sacré le plus pur au service des intérêts les plus profanes, par des calculs sordides. Nous voyons la réalité telle qu’elle est, et elle est belle : la mort de notre compatriote Arnaud Beltram est le sacrifice d’un chrétien qui se substitue à un frère humain condamné, en imitation du sacrifice du Christ. Elle ne nous rappelle pas Jean Moulin, mais le Père Maximilien Kolbe. Aussi bien Arnaud Beltram revenait-il d’un pèlerinage, et ce fut un prêtre qui lui administra les derniers sacrements.
Don Antone